Banque de France
Sur une proposition de Fred Forest, toujours grand pourvoyeur d’idées ingénieuses, le Collectif d’art sociologique décide d’une opération emblématique et médiatique dans la succursale de la Banque de France à Paris qui se situe au coin de la rue de Sèvres et du Boulevard Raspail.
1975 Banque de France et le Collectif d’art sociologique
Ouverture d’un compte et dépôt du document Pompidou
Sur une proposition de Fred Forest, toujours grand pourvoyeur d’idées ingénieuses, le Collectif d’art sociologique décide d’une opération emblématique et médiatique dans la succursale de la Banque de France à Paris qui se situe au coin de la rue de Sèvres et du Boulevard Raspail.
Cette action consiste en un dépôt par le Collectif du projet de la construction de Beaubourg qui doit être un lieu phare pour l’art en France et vient d’être rendu public dans la semaine écoulée lors d’une conférence de presse par Georges Pompidou en personne. Les membres du Collectif s’emparent de ce document. Depuis la loi de 1973, dite « loi Rothschild », du nom de la banque dont était issu l’ancien Président de la République, Georges Pompidou, l’État est obligé de passer par le système des banques privées pour financer son endettement. Pompidou avant d’être Président de la République a été l’employé de la Banque Rothschild. Le Collectif entreprend de déposer ce document dans un coffre-fort : action symbolique tendant à souligner les liens étroits qui existent entre le pouvoir, l’argent et l’art. Bien entendu la nature de cette action sera suivie d’une large médiatisation au bénéfice du Collectif et de l’art sociologique…
L’OPERATION DE CETTE INITIATIVE APPARAIT, CI-DESSOUS, EN 5 PHASES ILLUSTREES SUCCESSIVEMENT PAR LES 5 PHOTOS CORRESPONDANTS A CHACUNE D’ELLES
- Publication d’un communiqué
- Au jour prévu pour la réalisation de leur action le 5 Janvier 1975 les trois artistes se donnent rendez-vous devant l’Agence RASPAIL de la Banque de France sise à l’angle du Boulevard Raspail et du 111 rue de Sèvres, non loin du Bon Marché où l’artiste chinois Ai –Weiwei procédera à l’exposition de ses rêves et chimères pour rendre hommage sans doute au Collectif d’art sociologique par la très grande proximité de ces deux lieux…
https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/l-artiste-chinois-ai-weiwei-expose-ses-reves-et-chimeres-au-bon-marche_3357987.html - A l’heure convenue, sourire aux lèvres nos trois « artistes sociologiques » se retrouvent donc devant l’agence de la Banque de France.
- Ils s’y retrouvent maintenant tous les trois à l’intérieur pour remplir les formalités administratives très strictes, afin de disposer du droit de toute personne désirant obtenir la location d’un coffre-fort à la Banque de France.
- Accompagnés par un agent assermenté de la Banque, ils empruntent maintenant les escaliers qui dans les profondeurs des sous-sols les mènent vers la salle des coffres-forts. Ils sont maintenant face à une énorme porte blindée qui s’ouvre par une série de manœuvres compliquées en tournant un volant qui lui est attaché. Un volant double, comme on peut en voir dans les sous-marins dans des films de tragédies sous-marines. L’agent, la cloison blindée étant maintenant grande-ouverte s’efface devant nous, avant que nous pénétrions muets et en silence dans le saint des saints, dans ce lieu sacré où les murs sont tapissés de petits coffres-forts muraux du sol au plafond. L’agent avec une clé qu’il détient entre ses mains en ouvre un, et d’un signe de la tête nous invite à y introduire notre trésor à savoir ce vulgaire document Pompidou, tiré à l’époque sur un mauvais copieur et un mauvais papier, et qui pour des années se trouvera maintenant rangé à proximité de véritables fortunes introduites dans des petites cases analogues à la nôtre par de riches héritières, sous forme de petits sacs de diamants ou de pièces d’or. De quoi rêver comme Ai-Weiwei maintenant, comme lui, juste de l’autre côté de la place. L’agent de la Banque de France selon un rituel qui fait partie de son service s’est retourné ostensiblement par discrétion professionnelle pendant que nous introduisions le document Pompidou dans sa case pour une quasi-éternité. L’agent de la Banque de France, notre mentor du jour, avant de refermer ce coffre-fort que nous avions pu louer à Banque de France nous raccompagnait maintenant à l’étage. Une fois arrivés, il nous fit un bref signe de la tête avant de rejoindre le comptoir. Là nous a été remis la seule clef du coffre dont Thénot étant le plus proche se saisit.
- Pour la petite histoire vingt-sept années plus tard alors que le Collectif avait été enterré depuis belle lurette, je reçois un message de Jean-Paul me faisant part de son embarras avec la Banque de France qui lui réclamait cette sacrée clef qu’il avait égarée depuis longtemps… Notre location était suspendue pourtant, faute de paiement de location, car la non utilisation du coffre-fort n’épargne guère le locataire du règlement … Je lui conseillais de ne pas répondre, ce qu’il fit, et nous n’entendîmes plus jamais parler de la Banque de France ! ! !
Le Bon Marché est un grand magasin français, situé dans un quadrilatère encadré par la rue de Sèvres, la rue de Babylone, la rue du Bac et la rue Velpeau dans le 7 e arrondissement de Paris. Il s'appelait Au Bon Marché pendant 151 ans, jusqu'en 1989.
Biographie longue de Fred Forest
Fred Forest a une place à part dans l’art contemporain. Tant par sa personnalité que par ses pratiques de pionnier qui jalonnent son œuvre. Il est principalement connu aujourd’hui pour avoir pratiqué un à un la plupart des médias de communication qui sont apparus depuis une cinquantaine d’années. Il est co-fondateur de trois mouvements artistiques : ceux de l’art sociologique, de l’esthétique de la communication et d’une éthique dans l’art.
Il a représenté la France à la XIIème Biennale de São Paulo - Prix de la communication - en 1973, à la 37ème Biennale de Venise en 1976, à la Documenta 6 de Kassel en 1977 et a été exposé au CENTRE POMPIDOU en 2017 et 2024.