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1999

Machine à travailler le temps

Le projet, " La machine à travailler le temps ", comme son nom l’indique, a pour objet d’initier une réflexion sur notre rapport au temps, en nous confrontant directement à lui, mais nous permettant aussi d’une façon interactive, d’agir sur son " ralentissement " ou au contraire son " accélération "…

Communication 

Boulogne-Billancourt (FR)

Typologie: Dispositif

1999

Machine à travailler le temps, Centre culturel Landowski Boulogne-Billancourt

CENTRE CULTUREL LANDOWSKI, BOULOGNE-BILLANCOURT.
DÉCEMBRE 1998 / JANVIER 1999

http://www.fredforest.org/temps/

Concept

Le projet, " La machine à travailler le temps ", comme son nom l’indique, a pour objet d’initier une réflexion sur notre rapport au temps, en nous confrontant directement à lui, mais nous permettant aussi d’une façon interactive, d’agir sur son " ralentissement " ou au contraire son " accélération "…
La machine est visualisée sur Internet et l’internaute peut en effet agir sur son mouvement. La machine est également présente sur les lieux de l’exposition dans un espace qui lui est dévolu. Les enfants de la ville de Boulogne peuvent venir la voir en semaine aux heures d’ouverture de l’exposition, comme ceux de Vincennes de la même façon vont le dimanche au zoo.

Une machine à " travailler " le temps est donc proposée au public, qui à partir d’un clavier d’ordinateur peut agir sur le réseau d’une façon significative en modifiant les informations d’un cadran horaire installé sur un site web. Comme nous l’avons dit, soit en " accélérant " le temps, soit en le " ralentissant ", c’est-à-dire en agissant informatiquement sur les aiguilles dudit cadran visualisé. La somme des interactions, des connexions en cours, calculée par l’ordinateur programmé pour le dispositif, en détermine en temps réel la résultante. Résultante traduite et visualisée, de façon immédiate sous vos yeux, sur les écrans. Ce résultat obtenu mit en rapport immédiat avec l’heure officielle en vigueur dans le fuseau horaire de la ville de Boulogne, et aussi dans ceux du monde entier, sous forme d’un mur de 24 horloges, et de deux écrans cathodiques renvoyant l’heure " fabriquée " sur le site. Une installation " physique " (la machine),a sur place, fonctionne simultanément en relation avec le site Internet que l’artiste a créé spécialement pour le projet.

Cette installation représente métaphoriquement la machine en question et la donne à voir dans son plein fonctionnement. (sons, mouvements, lumières). Il s’agit d’un objet hybride et hétérogène, composé d’éléments technologiques en mouvement, de compteurs divers, d’écrans de visualisation, et, surtout, placé sous une cloche de verre, d’une masse informe qui " respire ". Notre machine appartient à première vue à une ère post-biologique… sans en être, apparemment encore, définitivement coupée ! Les rythmes de notre machine sont directement liés à l’activité globale qu’elle génère sur le réseau. C’est la participation des internautes, et par conséquent leur énergie, qui en conditionne et en alimente la vie. Sur le site, la participation des publics est fondée sur un élément ludique de compétition et de stimulation qui oppose frontalement ceux qui veulent " accélérer " le temps à ceux, au contraire, qui désirent le " ralentir ".

Le projet met en œuvre des moyens techniques, informatiques, mécaniques, visuels, sonores, esthétiques, informationnels et médiatiques, dans un espace physique donné, qui est celui de la médiathèque, en même temps que dans le cyberespace et l’espace de l’information pour la campagne de presse que requiert son fonctionnement.

La machine à " travailler le temps " de Fred Forest constitue avec l'invention de la roue et la conquête de l'espace, un moment privilégié pour l'humanité. Cette machine permet de lancer une grande compétition planétaire sur Internet où vont s'affronter, une fois pour toute, ceux qui aspirent à " ralentir " le temps et ceux qui, au contraire, ne pensent qu'à l'  " accélérer "… Avec la machine à " travailler le temps ", vous pouvez en ligne sur Internet aussi bien ajouter en temps réel des secondes à l'heure officielle du méridien de Greenwich qu’en retrancher. La compétition qui démarre en décembre 1998 va se poursuivre durant plusieurs mois, voire plusieurs années, et donner lieu à des reportages circonstanciés ; un peu comme pour un Mondial de football… Des communiqués seront diffusés régulièrement par les agences de presse internationales pour faire état des scores et informer les populations de l'évolution de la situation.

Dans l'enceinte de l'exposition, chacun peut voir la machine fonctionner en continu et en relation directe avec le nombre des appels en cours. Le cœur de la machine (ce qu'on pourrait prendre pour son poumon…) est étroitement lié aux rythmes du réseau.

Cette machine qui est un prototype unique, comme vous le constaterez, est le résultat d'un système hybride alliant à la fois, dans une seule entité : l'organique, le mécanique et l'informatique. Maintenant au travail !

Dispositif

  • Création d’un site Internet :
    Ce site comprend 30 pages html et affiche les informations suivantes.
    En page d’accueil : Un appel du type :  " Internautes du monde entier unissez-vous et agissons ensemble contre la tyrannie du temps ! " La machine à " travailler le temps " que nous mettons à votre disposition vous permet soit de le ralentir, soit de l’accélérer selon vos nécessités et vos humeurs.
    Il suffit de cliquer :
    sur le bouton vert pour gagner du temps sur le temps,
    sur le bouton rouge pour obtenir son effet contraire.
    C’est la somme de tous vos appels, modérés et calculés par l’ordinateur qui les gère en temps réel, qui détermine le ralentissement ou l’accélération du temps qui en résulte. Soyez les nouveaux maîtres du temps !
    Les pages suivantes indiquent les procédures pour utiliser la machine à " travailler le temps " et font apparaître des textes et des images qui participent à cette réflexion-action sur le temps proposée sur Internet.
    Un tableau de bord affiche les différents cadrans horaires sur lesquels sont visualisés la résultante des interactions en cours.
    Un bulletin de participation est proposé en ligne permettant aux internautes de se déclarer pour le ralentissement ou l’accélération du temps et communique les raisons. Ce matériel est installé en libre consultation sur le site au fur et à mesure de son arrivée.
  • Création d’une machine électromécanique et informatique avec, nécessairement, un développement informatique.
  • Le lieu sera équipé du mobilier suivant :
    une table, plusieurs rangées de sièges alignés, un panneau frontal de couleur blanche, mate, uniforme, dans lequel seront intégrés et alignés sur deux rangées superposées 24 cadrans horaires en fonctionnement, représentant l’heure en temps réel dans les 24 fuseaux horaires autour du globe (ces cadrans sont simples, ronds, blancs, avec une aiguille mobile indiquant les secondes).
    - sur la table, un téléviseur grand écran diffusant en permanence la page web du site qui reproduit les cadrans horaires.
    - sur le devant de l’installation, de part et d’autre, 2 postes de consultation permettant au public de se connecter sur l’installation via Internet.
    - une webcam sur place reprend un des cadrans horaires (celui dans lequel se trouve le fuseau horaire de Boulogne), pour distribuer cette image sur un mur écran de 12 téléviseurs montés en série, ainsi que sur le web.
  • La réalisation d’une campagne de communication spécifique et propre à l’action "  La machine à travailler le temps ", utilisant le mailing postal, le mailing électronique, et éventuellement l’achat d’espaces. Cette campagne si elle dégage les moyens nécessaires donnera à la ville de Boulogne une visibilité planétaire liée à la modernité et à l’action entreprise un taux de participation record. L’artiste travaille en relation directe avec les personnes chargées de cette communication, ce travail étant partie intégrante de sa pratique et de son œuvre.
  • Une chaîne de T.V. peut y être associée au cours d’une émission donnée pendant laquelle les téléspectateurs français seraient invités à agir eux-mêmes sur le système visualisé sur leurs écrans T.V., en agissant simultanément à partir de leur ordinateur personnel. Cette émission de caractère ludique présenterait par ailleurs l’intérêt d’intégrer le réseau Internet et la T.V. française dans un dispositif hybride susceptible de préfigurer les usages futurs des systèmes de communication et serait présentée comme tel, à ce titre, comme une expérimentation prospective.
  • Le Nouvel Observateur, supplément Multimédia, 26 novembre 1998, N° 1777, " Fred Forest le défricheur " par Bruno Arabian
  • Le Journal des Arts, 16 janvier 1998, N° 52, " L’œuvre au Web "
  • Nice-Matin, jeudi 10 décembre 1998, L’Espace Landowski, Art virtuel niçois, " La Machine à travailler le temps ", par Nicole Laffont
  • Le Monde de l’Éducation, décembre 1998, " Le nouvel âge d’un nouvel art " par Macha Séry
  • Sophiapolis Riviéra, n°27, décembre 1998 /janvier 1999, " Pour un art actuel "
  • Coda, N° 51, janvier 1999, " Fred Forest, poil à gratter de l’art contemporain ", par Cyril Cavali

Biographie longue de Fred Forest

Fred Forest a une place à part dans l’art contemporain. Tant par sa personnalité que par ses pratiques de pionnier qui jalonnent son œuvre. Il est principalement connu aujourd’hui pour avoir pratiqué un à un la plupart des médias de communication qui sont apparus depuis une cinquantaine d’années. Il est co-fondateur de trois mouvements artistiques : ceux de l’art sociologique, de l’esthétique de la communication et d’une éthique dans l’art.

Il a représenté la France à la XIIème Biennale de São Paulo - Prix de la communication - en 1973, à la 37ème Biennale de Venise en 1976, à la Documenta 6 de Kassel en 1977 et a été exposé au CENTRE POMPIDOU en 2017 et 2024.

 

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