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1985

Thèse à la Sorbonne

Comme l’a affirmé Hélène Ahrweiler Présidente de la Sorbonne à l’époque il s’agissait de la première thèse soutenue en France avec un dispositif audiovisuel. Comme toutes les actions de Fred Forest cette thèse a une longue histoire.

1985

Soutenance de thèse, cryptage Fred Forest

1985

Thèse 2 Forest Sorbonne Duvignaud

1985

Thèse Sorbonne Face au jury

1985

Thèse

Soutenance de thèse, cryptage Fred Forest
1985
Soutenance de thèse, cryptage Fred Forest
Thèse 2 Forest Sorbonne Duvignaud
1985
Thèse 2 Forest Sorbonne Duvignaud
Thèse Sorbonne Face au jury
1985
Thèse Sorbonne Face au jury
Thèse
1985
Thèse

Thèse à la Sorbonne

Comme l’a affirmé Hélène Ahrweiler Présidente de la Sorbonne à l’époque il s’agissait de la première thèse soutenue en France avec un dispositif audiovisuel. Comme toutes mes actions, cette thèse a une longue histoire. Je tiens tout d’abord à remercier Bernard Teyssèdre très vivement pour le rôle primordial qu’il y a joué. Alors que j’étais à mille lieux de nourrir une telle ambition, il m’a proposé spontanément lui-même lors d’une visite que je faisais au centre Saint Charles de Paris 1, pour parler de mon travail devant ses étudiants, de présenter une thèse dont il serait le Directeur... Comme j’étais à l’époque nanti comme seul diplôme, de mon certificat d’études je lui faisais remarquer hélas que ce n’était pas possible. Il ajouta aussitôt « Détrompe toi le cursus universitaire n’est pas indispensable, me citant le cas de Michel Ragon, Isidore Isou, Iannis Xenakis qui avaient obtenu leur thèse sur présentation de leurs travaux ». J’étais donc mis sur les rails ignorant à l’époque cette chance unique qui se présentait à moi quand les étudiants après avoir fait un cursus complet ont tant de mal à trouver un directeur de recherche… Bref, je m’attelais à la tâche, présentant dans la foulée un DEA devant Anne-Marie Duguet et Marc Jimenez sur la vidéo avec les conseils soutenus du professeur Pierre Moëglin, que je ne remercierai jamais assez pour ses conseils et son assistance dévouée. Ayant toujours eu un grand intérêt pour la réflexion et l’écriture, je disposais déjà de beaucoup de documents qui m’ont fait avancer sur mon travail en cours, d’autant plus que le sujet de ma thèse reposait sur mon travail lui-même l’art sociologique et l’esthétique de la communication. Et donc en possession d’un manuscrit lourd de 357 pages je me suis préparé mentalement à affronter mon jury de thèse…

Les conditions de présentation de ma thèse :

Deux ans après ma rencontre avec Bernard Teyssèdre toujours béni par le ciel, ce dernier m’annonce que la salle prévue pour ma soutenance de thèse est l’amphi prestigieux néo-rococo Louis Liard. Je devrais donc officier sous l’œil du Cardinal Mazarin que j’ai découvert en prenant la précaution d’aller visiter les lieux que je ne connaissais guère avec ses riches boiseries et ces ors ? Non, je ne pouvais pas présenter ma thèse avant-gardiste dans un tel cadre traditionnel…

L’idée me vint alors immédiatement à l’esprit de créer un dispositif dont l’utilisation des outils eux-mêmes feraient « exploser » ce cadre. D’une part un dispositif scénique agencé dans l’espace de la salle Louis Liard composé d’une dizaine de moniteurs à l’intention des personnes présentes comme également sur la table du jury devant chacun de ces membres.

Et enfin aussi, et un peu plus bas, le candidat coiffé de son inséparable bonnet rouge. Sur sa droite à quelques mètres, la régie et ses assistants chargé à l’aide d’un générateur de caractères de passer des messages en temps réels sur l’ensemble des moniteurs. Messages consistant à fournir, selon les consignes de Fred Forest données par un conducteur toutes les quinze minutes, la température de la salle, puis celle de l’extérieur où l’on pouvait voir tomber par la fenêtre de gros flocons de neige…La régie permet également de faire savoir au public présent dans les travées qu’ils peuvent griffonner sur un papier leurs commentaires et les glisser dans le chapeau qui circule avant qu’ils parviennent à la régie pour être diffusés.

Le dispositif est constitué également par les vidéos et les montages diffusés sur les écrans. Ces derniers comprennent, sans le son, des images des différentes installations relatives à la pratique de Forest et des images prises sur place les jours précédents. A savoir, par exemple, le candidat installé triomphalement à la place du jury, ou des images parasites comme des photos d’universitaires en toges, des Jocondes cathodiques ou encore des zèbres traversant l’écran d’une façon fugace. Bernard Teyssèdre son directeur de recherche, avait mis en garde l’artiste en lui disant qu’une thèse peut durer quatre heures et que le candidat doit pouvoir fournir en images… Forest jamais en mal pour trouver une solution avait utilisé les images cryptées de Canal + comme support à ses propres images. Dont acte !

Je remercie une seconde fois, ici, Bernard Teyssèdre qui, quand je lui ai présenté mon projet, n’est  jamais intervenu pour l’édulcorer bien qu’en qualité de Directeur de ma recherche il engageait sa propre responsabilité d’universitaire devant ses pairs. Me disant, avec un courage peu courant parmi ses collègues, « qu’il s’agissait de mon projet et que je devais avoir toute ma liberté de réalisation… » Merci Bernard et bravo ! ! !

DOCTORAT ES-LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

UNIVERSITÉ SORBONNE PARIS - AMPHI LOUIS LIARD.
18 JANVIER 1985

CONCEPT :

Soutenance de thèse.
Jury : Abraham Moles (Président), Bernard Teyssèdre (Directeur de recherches), Jean Duvignaud, Dominique Nogues, Frank Popper.
Sujet de la thèse : Art sociologique, Esthétique de la communication et communication artistique.
Dans l'esprit du candidat (l'artiste), le dispositif électronique de communication visuelle fait partie intégrante de la thèse présentée. La soutenance se compose à la fois et s’y superposant : d'un texte de thèse rédigé sous forme de 2 volumes paginés de 001 à 481, d'une production de paroles devant le jury, partagé avec ce dernier, d'une durée de 4 heures 30, d'un dispositif médiatique vidéo, utilisé en temps réel et différé, en continu. Ce dispositif a pour fonction de modifier, par détournement, le déroulement de la soutenance dans son rituel, sous ses formes universitaires classiques. D'une façon affirmée par le candidat, d'entrée de jeu, le dispositif choisi comme forme de présentation devient d'évidence contenu même de la thèse ! Pour soutenir une thèse dont le sujet est " la communication artistique ", Forest produit une œuvre se servant de la situation-thèse comme matière première dans laquelle les membres du jury (Bernard Teyssèdre, Franck Popper, Abraham Moles, Dominique Nogues, Jean Duvignaud) sont à la fois observateurs et juges de la thèse, mais aussi " sujets " et " objets " de l’action de l’artiste.

FONCTIONNEMENT :

Les écrans-vidéo disposés pour le jury et le public (une quinzaine d’écrans au total) diffusent plusieurs types d'informations :

  • des images de direct prises dans la salle par deux caméras mobiles ;
  • des images mémorisées à l'avance et montées en vue de cette performance ;
  • des informations écrites, fixes ou animées, confectionnées sur place à l'aide du générateur de caractères (messages et commentaires du public présent, recueillis dans un chapeau, avant d’être acheminés sur la régie centrale).

Les possibilités techniques de la régie permettent des incrustations et des colorisations sur toutes les images en diffusion. Elles permettent, par exemple à l’impétrant Fred Forest de " coloriser " le visage des membres de son jury dans des tons vifs, tout à fait inattendus… et encore mieux, par incrustation, d’installer, le jury sur les images de diffusion dans un désert lointain ou dans une rue de Tokyo.

L'artiste ouvre sa thèse sur les propos suivants :
" Le dispositif de communication électronique, ici présent, pour la première fois dans ce lieu universitaire traditionnel et prestigieux, lors d’une soutenance de thèse, a pour but d'agir sur la situation produite au fur et à mesure de son propre déroulement. La présence de ce matériel vidéo n'est ni innocente, ni gratuite, elle participe au sens même du travail que j'ai l'honneur de défendre devant vous. Je considère que la prestation universitaire à laquelle je me livre ici est aussi une performance artistique à part entière. Elle donne lieu sous vos yeux, en temps réel, à la création d'une œuvre spécifique. Œuvre qui prend à la fois et pour sujet et pour objet la " communication artistique ". Cet objet, ici produit avec votre participation de fait, doit vous servir de référence pour fonder vos jugements sur mon travail. "

DISPOSITIF :

  • 1 régie vidéo SEG 2000 PAL Sony
  • 3 caméras 1800
  • 1 viseur studio DXF 420E
  • 3 CCV (Commandes de voies)
  • 2 adaptateurs secteur OMA
  • 1 synthétiseur écriture Shintron 505P
  • 1 banc-titre
  • 2 magnétoscopes VO 5630
  • 2 TV Sony 36 CMS
  • 15 moniteurs JVC 33 cm

Assistance technique : Éric Maillet

  • Thèse de Doctorat d'État, Fred Forest, Sorbonne 1984, Paris.
  • "  +- 0 " n°43, 1986, Bruxelles.
  • " Forest docteur es-Lettres ", Barthélémy, n° 457 " Stratégies " 1985, Paris.
  • " Les hommes en forme ", Le Point n° 644, 21 janvier 1985, Paris.

Biographie longue de Fred Forest

Fred Forest a une place à part dans l’art contemporain. Tant par sa personnalité que par ses pratiques de pionnier qui jalonnent son œuvre. Il est principalement connu aujourd’hui pour avoir pratiqué un à un la plupart des médias de communication qui sont apparus depuis une cinquantaine d’années. Il est co-fondateur de trois mouvements artistiques : ceux de l’art sociologique, de l’esthétique de la communication et d’une éthique dans l’art.

Il a représenté la France à la XIIème Biennale de São Paulo (Prix de la communication) en 1973, à la 37ème Biennale de Venise en 1976 et à la Documenta 6 de Kassel en 1977.

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