Tableau-écran
En 1967, Fred Forest a déjà derrière lui un riche passé de plasticien avec la production de dessins et de peintures.
Nous rappellerons ici qu’il a été dessinateur en titre de deux journaux nationaux Français : Combat et Les Echos. Il trouve que les arts plastiques sont trop statiques. Pour lui la signature fige les œuvres dans un statut définitif alors qu’il est à la recherche d’une forme d’œuvre qui se renouvelle d’elle-même.
1967 Tableau-écran
En 1967, Fred Forest a déjà derrière lui un riche passé de plasticien avec la production de dessins et de peintures. Nous rappellerons ici qu’il a été dessinateur en titre de deux journaux nationaux Français : Combat et Les Echos. Il a participé à de nombreuses expositions à Alger, Les Andelys, Paris. Il trouve que les arts plastiques sont trop statiques. Pour lui la signature fige les œuvres dans un statut définitif alors qu’il est à la recherche d’une forme d’œuvre qui se renouvelle d’elle-même. Il aura la chance d’avoir avec Umberto Eco une longue conversation à la Foire du Livre de Francfort où ce dernier tient le stand de son éditeur Bompiani. Il entretiendra avec lui par la suite une relation amicale avec de nombreux échanges téléphoniques et, pour son tableau-écran, il se convertira à la notion d’« œuvre ouverte » prônée par l’écrivain. Forest estime que la signature d’un tableau en quelque sorte le tue car elle le fige dans une version unique et lui enlève toute possibilité de développement. Il conçoit alors des œuvres plastiques hybrides faites de supports de peinture sur laquelle il projette des diapositives ou des films super-huit mettant au point des systèmes ingénieux qui lui permettent d’obtenir des effets de lumière saisissants, pour lequel il dépose un brevet à l’Institut National de la Propriété Industrielle qui ne sera jamais exploité. En coopération avec le musicien Luc Ferrari il ajoutera le son et ils réaliseront deux installations dont le prototype sera présenté à Paris à la galerie Paul Facchetti en avant-première, avant d’être installé dans le Pavillon de la Côte d’Ivoire pour la Foire Universelle d’Osaka en 1970. A partir d’une fiction imaginée par Fred Forest avec le concours du photographe Patrice Libert ils réaliseront plus de 2000 diapositives dans la pile atomique OSIRIS de Saclay qui ne seront jamais montées. Il s’agit d’une course poursuite du musicien et du peintre, qui, dans cet univers technologique fantastique n’arrivent jamais à se rejoindre…
1967 Tableau-écran 2
Dès 1967 Fred Forest, insatisfait de la peinture dont les formes immuablement fixes ne lui conviennent plus invente le Tableau-écran dont il dépose un brevet à l’Institut national de la propriété industrielle. Il s’agit d’un dispositif qui lui permet de faire des projections de diapositives et de super 8 sur des tableaux peints dont il a ménagé des espaces blancs pour recevoir ces informations lumineuses qui viennent s’y superposer et les compléter. Il ajoutera par la suite également un magnétophone donnant une dimension sonore à son installation. Lors de la première FIAC, qui se déroule dans la gare désaffectée de la Bastille en 1974, il en présente avec le musicien Luc Ferrari la première version officielle dans le contexte de l’art contemporain.
En 1970 il avait déjà présenté le Tableau-écran au Salon de l’audiovisuel en publiant le tract suivant :
" Vous êtes en droit de vous poser la question…Que vient faire un peintre au milieu d’une manifestation technique, industrielle et commerciale ?
Il vient retrouver les sources de la vie.
Il tente d’échapper au système stérilisant des galeries d’art. Il s’évade du vase clos où des esthètes complaisants cultivent dans le plus grand raffinement le dérisoire absolu.
La véritable évolution des arts se trouve indubitablement liée à l’évolution des techniques, des médias et des mœurs.
Le monde change de structures, l’art change de langage.
L’art va également changer de moyens, va changer de public, va changer de lieu. Il faut donc que l’artiste prenne les devants et s’en aille en quête de ces lieux nouveaux où il pourra organiser sa fête.
.. Je change de langage
. Tu changes de langage
Il change de langage
Peinture audiovisuelle, collage lumineux, spectacle, animation ?
Avec le Tableau-écran je suis à la recherche d’un nouveau langage.
Fred Forest, Salon de l’audiovisuel, Paris, 1970"
Ce tract diffusé en 1970 au sujet du Tableau-écran par Fred Forest dénote de la pensée quasi-prophétique de cet artiste dont la pratique tout au long de sa vie n’a jamais cessé de démentir sa vision synchrone avec l’esprit du temps…
Biographie longue de Fred Forest
Fred Forest a une place à part dans l’art contemporain. Tant par sa personnalité que par ses pratiques de pionnier qui jalonnent son œuvre. Il est principalement connu aujourd’hui pour avoir pratiqué un à un la plupart des médias de communication qui sont apparus depuis une cinquantaine d’années. Il est co-fondateur de trois mouvements artistiques : ceux de l’art sociologique, de l’esthétique de la communication et d’une éthique dans l’art.
Il a représenté la France à la XIIème Biennale de São Paulo (Prix de la communication) en 1973, à la 37ème Biennale de Venise en 1976 et à la Documenta 6 de Kassel en 1977.
EXPOSITION AU CENTRE POMPIDOU DU 24 JANVIER AU 14 OCTOBRE 2024