Culture et Autoroutes de l’information
Evénement remarquable au Westminster le 16 Mars 1995
avec Fred Forest et Pierre Restany depuis Milan.
1995 Culture et Autoroutes de l’information
Evénement remarquable au Westminster le 16 Mars 1995
avec Fred Forest et Pierre Restany depuis Milan.
Je remercie encore une fois ici Gérard Diaconesco, mon fidèle lieutenant, pour mon séminaire qui a payé de sa personne pour mettre à ma propre disposition d’une façon gracieuse tout le matériel informatique nécessaire à mes cours, l’université incapable de le faire.
Forest qu’on voit ici affronté debout le public au meilleur de sa forme en compagnie de Pierre Restany à distance à Milan par téléphone amplifié. En effet en quelques mois il est devenu pour la culture à Nice une figure de premier plan. Son séminaire qui présente pratiquement toutes les quinzaines des personnalités internationales de haut vol, aussi bien des artistes que des théoriciens de premier plan ou, même des politiques, tels que la Présidente au Conseil de l’Europe de la culture ou Jean-Pierre Dalbera, chef de la mission de la recherche et des technologies au Ministère de la Culture. Cette situation avec les comptes rendus que Nice-Matin lui dédie régulièrement, soit pour son séminaire, soit pour les actions artistiques qu’il poursuit en France comme à l’étranger, confortant sa position. La mise à sa disposition gracieuse de la salle historique du Westminster sur la Promenade des Anglais avec ses lambris dorés ainsi qu’un buffet somptueux par un directeur fan de sa pratique, lui inspire l’idée d’enfoncer le clou. Avec son ami et complice Pierre Restany, ils décident en occupant ce lieu prestigieux de pousser un peu plus loin le bouchon. Comment ? En jouant délibérément dans la cour des grands, en repoussant les politiques locaux à leur inanité. D’abord Jacques Peyrat, le maire, et plus tard Christian Estrosi et Ciotti. Ces derniers à la rigueur consentant par pure électoralisme de soutenir les vielles figurent locales, comme l’inénarrable Ben, d’une Ecole de Nice dont le flou n’a jamais été porteur d’une théorie quelconque, comme l’a écrit Olivier Cena le 13 Janvier 1917 dans Télérama. Forest pensant à cette époque en 1995 avec Pierre Restany que Nice possédait tous les atouts pour devenir le lieu idéal où pouvait se fonder le creuset un art naissant s’appuyant sur l’utilisation des nouvelles technologies. La proximité du pôle industriel et de recherche de Sophia Antipolis qui consacre en France ses recherches sur les nouvelles technologies notamment, sous la houlette de son fondateur le Sénateur Pierre Laffitte, constitue une chance pensent en commun Fred Forest, Pierre Restany et Mario Costa qui assistent en commun à cet événement à l’Hôtel Westminster de Nice. Et dès le lendemain Mario Costa dans le séminaire de Fred Forest consacrera ses premiers mots à ces perspectives. (Voir la vidéo)
D’ailleurs Pierre Laffitte ne tardera guère à inviter l’artiste à l’un de ses petits déjeuners, courus pour y participer par de chercheurs de renommée internationale…Pierre Restany, ni Fred Forest, ne nourrissent d’ailleurs, ni l’un, ni l’autre, c’est évident, aucun dessin politique dans ce rôle dans lequel ils s’investissent en commun. Ils restent dans leurs fonctions respectives de critique et d’artiste…
Sophiapolis Riviera (Publication de la Fondation), Nice, 8 mai 1996.
" Les artistes doivent participer à l’évolution de la société ", interview de Fred Forest.
Mais pour qui connaît un peu Fred Forest, sait que la provocation n’est jamais bien loin chez lui. Non pas la provocation pour le seul plaisir de provoquer, mais comme intention pédagogique pour vous conduire finalement à la réflexion, c’est-à-dire au sens profond du sens. La provocation énorme que seul un artiste comme lui peut se permettre est ici la suivante. L’invitation qu’il rédige pour son événement à l’Hôtel Westminster portera pour titre « Culture et autoroutes de l’information Nice hier, Nice aujourd’hui et Nice demain »
Un texte de trois lignes annonce au tout début que 100 personnes et pas une de plus sont invitées dont les noms suivent (Personnalités politiques locales, responsables d’institutions, artistes…) Et enfin arrive la mention qui annonce que les noms des personnes qui ne seront pas venues seront publiés…
Pour la petite histoire sachez que 63 d’entre-elles se sont déplacées que l’on peut voir d’ailleurs sur la vidéo diffusée.
Peu après deux projets d’envergure relevant de l’Esthétique de la communication qui sont présentés par l’intermédiaire de l’attaché culturel de la ville à Jacques Peyrat sont restés sans réponse, et de même un peu plus tard avec Christian Estrosi. Il est sûr que ces deux projets auraient placé la ville de Nice en phase comme une des toutes premières capitales mondiales du tourisme. Comme l’affirmé Pierre Restany, la ville de Nice hélas est passé à côté de sa chance d’entrer dans la modernité des nouvelles technologies, en ne saisissant pas tout l’intérêt de la perche que Forest lui a tendu à plusieurs reprises, avec l’appui de responsables de la technopole de Sophia Antipolis. Le confort du passé, même s’il est révolu répondant mieux aux hommes et aux femmes politiques que les incertitudes du futur…
Les artistes présents qu’on aperçoit à la diffusion de la vidéo restent dans l’expectative (Colorado, Jean-Pierre Giovanelli, etc.) Jacques Lepage critique local, Daniel Charles spécialiste de John Cage en première ligne ne dira pas un mot bien qu’il soutienne Fred Forest depuis son arrivée à l’Université de Nice côte d’Azur où lui-même enseigne. On aperçoit dans le fond Pierre Chaigneau alors directeur du MAMAC etc. Mario Costa attendra la fin pour dire un mot se réservant de le faire le lendemain dans le séminaire de Nice, où il se propose de parler de l’Esthétique de la communication.
Le fait que Fred Forest pour s’entretenir quasiment avec Pierre Restany et la salle se trouve avoir en main un micro amplificateur et de l’autre un combiné de téléphone, pour s’adresser simultanément à lui en même temps qu’à la salle, témoigne de l’ingéniosité à laquelle doivent nécessairement faire face les artistes de la communication pour faire place à la précarité des moyens qui sont mis à leurs dispositions.
Biographie longue de Fred Forest
Fred Forest a une place à part dans l’art contemporain. Tant par sa personnalité que par ses pratiques de pionnier qui jalonnent son œuvre. Il est principalement connu aujourd’hui pour avoir pratiqué un à un la plupart des médias de communication qui sont apparus depuis une cinquantaine d’années. Il est co-fondateur de trois mouvements artistiques : ceux de l’art sociologique, de l’esthétique de la communication et d’une éthique dans l’art.
Il a représenté la France à la XIIème Biennale de São Paulo (Prix de la communication) en 1973, à la 37ème Biennale de Venise en 1976 et à la Documenta 6 de Kassel en 1977.
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